Bilinguisme, Hallo! Quand les rues bruxelloises jouent avec les traductions...

Découvrir Bruxelles
Écrit par Brusselslife Rédaction - 04 oct. 2021, 00:00 (Mis à jour: 04 oct. 2022, 09:34)
Quand les rues bruxelloises jouent avec les traductions...
Le Bruxellois peut être déboussolé quand il s'intéresse aux plaques bleues vissées à l’entrée de quelques rues de la capitale...

Le bilinguisme de notre ville ne s'arrête pas à la communication, mais fait partie intégrante de l'architecture des rues, notamment en ce qui concerne les noms, ce qui donne parfois des mélanges très cocasses...

Pas besoin de longues thérapies allongé sur un divan, le diagnostic est formel: quelques rues et lieux-dits sont atteints de schizophrénie. BrusselsLife s’est intéressé à une série de patients.

D’une usine au jeu de balle

Si le nom francophone de cette place témoigne de l'évolution de l'histoire de la ville, l'appellation néerlandophone témoigne de la tradition. Vossenplein, littéralement Place des Renards, fait référence à la “Société du Renard” qui, jusqu’au début du 19e siècle, occupait l’espace avec son usine de locomotives à vapeur. Mais bientô,t l’entreprise tombe en faillite, et l'espace est racheté par la ville de Bruxelles qui le transformera en une place dédiée au jeu de balle-pelote et à la récréation. Les francophones lui assignent alors le nom de Place du Jeu de balle. Très vite, l’espace de récréation disparait cependant au profit du marché aux puces, ce qui donne le deuxième nom francophone de cette place: "Place du Vieux Marché"

Cinquante ans, c’est un jubilé!

Le parc et le palais du Cinquantenaire sont créés lors de l'exposition nationale du Jubilé de 1880. Cette fête commémorait la cinquantième année de l'indépendance belge. Les francophones choisissent d’appeler l’espace Parc du Cinquantenaire (Halve-eeuwfeestpark) contrairement aux Flamands qui optent pour Jubelpark (Parc du Jubilé). Finalement, même si cela peut porter à confusion, tous deux veulent dire la même chose. 

Warande ou Royal, l’exactitude est la politesse des rois

Parc de Bruxelles ou Parc Royal ? Vous ne savez jamais comment appeler le parc qui s’étend au pied du Palais de nos souverains ? Rassurez-vous les deux se disent. Par contre, aucune de ces dénominations ne vous aidera à comprendre la traduction flamande: "Warandepark". Pour ce faire, plongeons plutôt dans le passé.

À l’époque du comté du Brabant, le parc actuel correspondait à la colline du Coudenberg sur laquelle se trouve une warande. En vieux néerlandais, warande signifie garenne ducale, c’est-à-dire une réserve boisée de gibier prolongée par un labyrinthe de jardins et de bassins d’eau. À la fin du 18e, la place royale est aménagée sur les cendres du Palais du Coudenberg disparu dans un incendie accidentel en 1731. Le parc voit le jour en même temps grâce au financement de la ville de Bruxelles qui en devient le propriétaire. 

Les néerlandophones ont donc une fois de plus choisi d'honorer la tradition, tandis que les francophones se sont tournés vers l'avenir.

Vruntstraat - Rue de l’Amigo

Au 18e siècle, les territoires de la Belgique sont sous autorité espagnole et forment avec les Pays-Bas, ce qu'on appelle les Pays-Bas Espagnoles. À cette même époque, les soldats espagnols pullulent donc dans les rues de Bruxelles, notamment près de la prison de la Vrunt. Peu habitués aux sonorités gutturales de la langue de Vondel, ils confondent vrunt (prison en vieux néerlandais) et vriend (ami). La rue de la prison devient donc la rue de l’Ami, amigo en espagnol.

En lieu et place de la prison s’élève désormais un palace qui a gardé le nom : l’Amigo, une prison dorée. La méprise espagnole a également engendré une expression francophone bien connue: "passer la nuit à l’amigo" (passer la nuit en cellule).

Tiercé pour une seule drève

La Drève de Bonne Odeur détient tous les records. Du côté bruxellois de la Forêt de Soignes, elle a été traduite en Willerieksedreef tandis que la commune d’Overijse lui a préféré Welriekendedreef. Le même lieu a donc deux appellations différentes dans la même langue. De quoi ne pas être en odeur de sainteté auprès des linguistes...

À force de crier au loup…

Le nom français actuel, rue fossé aux loups, résulte d'une traduction littérale et fantaisiste du néerlandais Wolvengracht. Si wolf signifie bel et bien « loup » en français, la rue ne comptait absolument aucune de ces bêtes. Au Moyen Âge, Wolfgracht faisait simplement référence au nom d’un patricien, du nom de « De Wolf » qui possédait des terres à proximité du fossé (gracht) en question. En conclusion, l’endroit aurait dû s’appeler : rue du fossé de Monsieur de Wolf…

À l'assaut!

Dans la même veine que la rue du fossé aux loups, la rue d'Assaut résulte d'une méprise des traducteurs. Stormstraat aurait, en réalité, fait référence à la famille Storm qui vivait dans cette rue depuis le Moyen Âge et aurait donné naissance à plusieurs bourgmestres de la ville de Bruxelles.

Les historiens expliquent que la dénomination francophone de cette rue est en réalité une mauvaise traduction de l'appellation néerlandophone. Le peuple bruxellois semble, cependant, avoir une autre opinion. L'explication populaire à cette méprise est que cette rue a été dénommée en l'honneur de l'assaut et la libération de Bruxelles en 1356 dans la guerre qui opposait le comté de Flandres au duché de Flandres. 

La chrétienté à l'honneur

Une autre méprise pour le moins cocasse est celle de la rue de l'homme chrétien. La légende veut que cette rue ait été dénommée ainsi en l'honneur d'un enfant de chœur qui aurait reçu une demande du Divin pour relancer les processions du Sacrement des miracles, alors arrêtées. Après avoir fait entendre le message de Dieu aux pères de son église et avoir mené à bien sa mission, on nomma donc sa rue en son honneur : "Kerstenmannekenstraat".  Les francophones, ont, pour leur part, fait fi de la légende et ont simplement mis la chrétienté dans son ensemble sur un piédestal.

 

Il existe encore d’autres exemples que nous vous laissons le soin de découvrir lors de vos prochaines pérégrinations urbaines...

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