De quelques évènements sans signification
16 sept. 2022 - 23 oct. 2022
MOSTAFA DERKAOUI, 1974, MA, 35MM > VIDEO, VO AR ST FR ANG, 76'
-
Normal - 6Article 27 - 1.25
-
MOSTAFA DERKAOUI, 1974, MA, 35MM > VIDEO, VO AR ST FR ANG, 76'
Que pensez-vous du cinéma marocain ? "De quelques évènements sans signification" s'ouvre sur cette question. Une équipe de tournage interroge les gens dans les rues de Casablanca : quel sujet devrait aborder le jeune cinéma marocain en cette année 1973 ? Les réponses sont aussi variées que les personnes rencontrées. Les membres de l'équipe, eux aussi, débattent : ambitionnant de "créer un cinéma marocain" indépendant, ils expérimentent et cherchent à bousculer les codes et le langage cinématographiques. Puis tout dérape au son du free-jazz lorsqu'ils se mettent à suivre un jeune homme qui les fascine, tant celui-ci semble contenir en lui toutes les questions sociales, tous les rapports de force et d'exploitation qui agitent le Maroc. L'homme finit par leur échapper dans une impressionnante séquence de bar, et leur rappelle qu'il connaît vraiment la misère, tandis qu'eux ne seront jamais qu'une bande d'intellectuels, toujours en surplomb malgré leurs bonnes intentions. Avec ce premier long métrage, Derkaoui a voulu proposer "une expérience qui soit propre à nous, qui ne reprenne ni les autres expériences faites dans les pays capitalistes, ni celles connues au Tiers-monde". On ne saurait mieux dire, tant ce film est unique : bien que nourri par le néo-réalisme et la Nouvelle Vague, Derkaoui impressionne par sa lucidité sur le prétendu pouvoir du cinéma. Il fait un cinéma d'auteur, et non de hauteur, questionnant les logiques de domination et l'histoire coloniale qui va avec. La censure ne s'y est pas trompé : elle a interdit le film avant même sa sortie. On l'a longtemps cru perdu. Il est retrouvé en 2016, restauré par la Filmoteca de Catalunya et ressorti lors de la 69ème édition de la Berlinale. Le voici pendant 6 semaines sur l'écran du Nova. → Le 16.10 à 17:00, le film sera présenté et suivi d'une discussion avec Léa Morin.