Onyx

Écrit par BrusselsLife Team - 19 déc. 2011, 00:00 (Mis à jour: 17 juil. 2017, 13:16)
Onyx
Onyx, graffeur repenti, raconte ses longues années d'expérience... Le déclic aura lieu un jour d'excursion scolaire en 4e primaire. Il a alors 10 ans. Sous ses yeux ébahis défile un paysage qui l'intrigue, le fascine. Sur les murs, sous les ponts, partout où passe le train, des graffs tantôt énormes et colorés tantôt discrets et chromés. Ils captivent son attention et emplissent sa tête d'images. Elles ne vont plus jamais quitter son esprit.

Un jour, ce sera lui qui laissera sa trace sur le béton. En attendant son heure, Onyx griffonne sans cesse dans ses cahiers d'écolier. C'est par un beau soir durant sa 13e année, qu'il forme avec quelques potes un collectif : le C.O. alias les Criminels Organisés. Ce n'est qu'une bande de gamins fauchés mais ils sont déjà mordus : « sans le graff, on aurait fait du surf ». Tout leur argent de poche y passe! Ils dépensent sans compter au Brico du coin pour s'approvisionner en bombes et continuer leurs virées nocturnes. Onyx débute fin des années 2000. Le monde du graff venait de se prendre une grosse baffe suite à la politique d'arrestations menée par la ville de Bruxelles en 98'. « La ville avait fait l'objet d'un grand nettoyage, beaucoup de graff avaient été effacés, c'était l'époque du renouveau » explique-t-il. A ce moment-là, on distinguait clairement deux grandes orientations dans le graff : ceux qui recherchent des projets légaux et les "vandales purs" qui s'approprient l'espace public sans concession. Onyx revendique clairement son appartenance à la deuxième catégorie. Mais il s'essaye aussi dans des endroits où les graffs sont "tolérés". Notamment dans des bâtiments abandonnés comme à l'Arsenal à Etterbeek aujourd'hui détruit. Il ira poser ses bombes un peu partout en Belgique, tout en gardant comme principale motivation la recherche du risque : « Le milieu est extrêmement confidentiel, ce qui compte le plus c'est la reconnaissance des autres graffeurs, des "anciens", et ce qu'en pense le non initiés n'a pas d'importance. Au moins c'est facile d'avoir accès à un lieu au plus ton graff sera apprécié et inspirera l'admiration. Il fallait faire ce que les autres n'auraient jamais tenté ».

Hors-la-loi

Les graffeurs de l'époque se "shootent" à l'adrénaline, ils sont en recherche perpétuelle de la difficulté. Digne d'un film d'espionnage, les repérages de certains lieux se font parfois des mois à l'avance. Onyx pénètre dans des lieux hyper sécurisés et dangereux comme les tunnels du métro bruxellois. Le côté "artistique" n'est pas négligé pour autant. Chaque future pièce importante est dessinée sur papier avant sa réalisation, chaque couleur est réfléchie, rien n'est laissé au hasard. Sa plus grosse pièce en collectif : un « whole car », c'est-à-dire un wagon entier de train repeint lorsqu'il est au dépôt. Quatre gars, une échelle et 20 min de timing. Une bombe dans chaque main « Tu remplis comme si tu lavais les carreaux ». Il participe également à des « backjump », où cette fois le train est temporairement à l'arrêt dans une gare pour dix minutes par exemple. Parfois, les prises de risque frôlaient l'inconscience. Il décrit des missions sur des panneaux d'autoroute ou des murs anti-bruits, la violence de certains vigils... et justifie que « courir faisait aussi parti du graff ».

Graff spirit

Lorsqu'on lui demande ce qu'il pense des artistes qui s'exposent dans des galeries et qu'on catalogue "inspiration graffiti", sa réponse est claire : « Ce n'est pas parce qu'on peint avec des bombes qu'on fait du grafitti ». Il s'explique aussi, « Aujourd'hui, il y a clairement un changement des mentalités, on porte son blaze sur son sac-à-dos, on va chercher ses bombes avec papa-maman. Il n'y a plus uniquement une recherche de revendication de la part du milieu mais de tout le monde ! ». Aujourd'hui Onyx s'est rangé, il a tout simplement arrêté parce qu'il avait trop de travail et qu'il ne trouvait plus le temps de passer ses nuits à écumer les rues. Avec le recul et l'âge, il admet cependant que « pour faire des graff comme j'en ai fait, il faut forcément commencer durant l'adolescence. C'est une période où on est fort inconscient, car effectivement lorsque tu te ballades à 10 m du sol sur une gouttière branlante, les risques sont vraiment grands ». Même s'il a suspendu toutes ses activités illicites, il avoue parfois craquer et partir « en faire un vite fait ». Pour lui c'est comme un besoin vital, viscéral, il conclut : « Et d'ailleurs si je devais retourner en arrière, je recommencerais, sans aucune hésitation! ». Kriss Gutierrez Cuervo

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