Exposition Stanley Kubrick Photographer
20 mars 2012 - 30 juin 2012
Jouant sans cesse sur l'ordre et le chaos, Kubrick incarne ce que le philosophe Gilles Deleuze qualifie de « cinéma cerveau ». Ce qui est moins connu, c'est la manière dont Kubrick est arrivé à cet équilibre ténu entre ordre et chaos, entre un monde intérieur voué aux profondeurs du psychisme et au passé et un monde extérieur, nécessairement tourné vers le futur, où l'absolu surnaturel impose sa loi de l'évolution.
En 1945, Stanley Kubrick, récemment sorti du Collège, entre au service de la revue new yorkaise Look où il travaillera cinq ans durant comme photographe. Ses reportages photographiques - aujourd'hui largement conservés au New York City Museum - témoignent par leur construction en séquence d'une conception déjà cinématographique. À travers l'objectif se compose un portrait de l'Amérique qui vient de sortir de la guerre - thème central de l'oeuvre de Kubrick.
Cette idée de portrait de groupe est au coeur de notre présentation et a décidé d'une organisation des photographies dans leur qualité documentaires : scène criminelle, vie d'un cireur de chaussure, panorama des acteurs d'un campus universitaires... Kubrick se révèle un photographe de premier plan. Maître d'un discours qui le conduit à mêler aussi les références que ce soit à Walker Evans ou à Diane Arbus.
Au-delà de ce regard porté sur la société et sur ses tensions sociales, mais aussi raciales, le travail photographique de Kubrick témoigne aussi d'un souci de construction qui va au-delà du reportage. Metteur en scène spontané - les témoignages à ce sujet sont nombreux à l'époque -, Kubrick cherche à sublimer l'instant, par essence chaotique et incontrôlable, en lui donnant forme et structure.
Avec Kubrick, les Musées royaux invitent à une découverte de la société américaine dans ce qu'elle a de consubstantielle avec la photographie.