Comment aborder l’exil, le mal du pays et la nostalgie de la manière la plus appropriée ? Par le biais de lettres. Elles symbolisent, en substance, la séparation, le manque, le fait de ne pas être là où on le souhaiterait. C’est pour cette raison que l’auteure libanaise Hoda Barakat a choisi la forme épistolaire pour son roman de guerre bouleversant Courrier de nuit.
courrier de nuit
« Je suis arrivée à la forme finale du roman lorsque des images de migrants en fuite sont entrées dans mon imagination, des personnes ayant perdu leurs maisons, disséminées sur la surface de la terre. » Dans Courrier de nuit, Hoda Barakat fait entendre la voix de cinq personnes en fuite sous forme de lettres écrites quelque part entre le monde arabe et l’Europe. Les événements évoqués ont lieu à des endroits non déterminés dans le monde arabe, foyer de guerres et de crises à répétition. Les lettres ne portent ni adresse ni expéditeur, et n’arriveront jamais à leur destinataire.
écrivaine engagée et traumatismes de guerre
On retrouve, à l’actif de Barakat, cinq romans, deux pièces de théâtre, des nouvelles, des mémoires et des travaux journalistiques. L’écrivaine y traite presque systématiquement de la violence, du traumatisme et de la marginalisation comme conséquences de la guerre.
Dans Courrier de nuit, son engagement est toujours aussi présent : « On constate actuellement un net recul de la dimension humaine des civilisations, dont témoignent les pays qui se protègent en fermant leurs frontières. J’espère que ce livre, d’une manière ou d’une autre, fera entendre la voix de ces vies fragiles, condamnées par ceux qui ne les comprennent pas ou qui ne tentent pas de réfléchir aux raisons pour lesquelles elles se retrouvent dans cette situation vulnérable. »
“At this time, we are seeing a regression in the humanitarian dimension of those civilisations, as countries protect themselves by closing their doors. I hope that this novel, somehow or other, will have given voice to brittle lives, which are judged by others without understanding them or investigating what brought them to their current state.”
Hoda Barakat (1952) est née au Liban. Elle a étudié la littérature française et travaillé comme traductrice, professeure et journaliste avant de déménager à Paris à la fin de la guerre civile libanaise, à la fin des années 1980. Son œuvre, notamment traduite en anglais, en français, en espagnol, en néerlandais et en turc, a été sélectionnée pour le Man Booker International Prize en 2015. Pour Courrier de nuit, Barakat a remporté en 2019 le prestigieux International Prize for Arabic Fiction – le « Booker arabe ». En 2017, elle a été résidente à Passa Porta.