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Dès la fin des années 1960, aux Etats-Unis et au coeur de la seconde vague féministe, la journaliste Gloria Steinem se distingue de ses consoeurs et confrères travaillant sur la cause des femmes par l’intersectionnalité de ses recherches. Elle place ainsi, au même niveau, différentes minorités et strates de discriminations, qu’elles soient d’ordre sexuelle, raciale ou de classe, avant que la question des genres n’apparaisse la décennie suivante. Tandis que la guerre du Vietnam s’essouffle, les consciences se libèrent et les citoyens foulent le pavé. La parution de sa biographie My Life on the road en 2015, disponible en français sous le titre Ma vie sur la route depuis 2019, accompagne, fortuitement ou non, une recrudescence de ces mêmes thématiques chez une génération émergente de plasticiennes.
Dans le champ de l’art, Martha Rosler, Nancy Spero ou Annette Lemieux s’interrogent depuis plusieurs décennies sur les interactions entre sphère publique ou politique et domaine privé, notamment celui de la femme au foyer. Mais aujourd’hui, les réflexions sur la construction d’une mémoire collective passionnent à nouveau, tel que le montrent Leslie Hewitt ou Iman Issa. Ces dernières nous donnent à réfléchir sur la porosité entre l’intime et le sociopolitique, particulièrement à l’ère de la mondialisation galopante. Comment analyse-t-on et interprète-t-on le langage, l’art ou l’histoire en fonction de son héritage familial, culturel ou de son sexe ? Comment forge-t-on son identité ou son genre ? Là-encore, la passation se construit de Carolee Schneemann et Mary Kelly à Macon Reed, Sara Cwynar et Chloe Wise. Puis, comment regarde-t-on le corps de la femme ? Tour à tour objet de désir, de curiosité, de crainte, voire d’exotisme, quand il est assimilé à l’oppression coloniale ou témoin du temps qui passe, quand il s’incère dans la tradition des vanités… diverses perspectives analysées et étreintes par Cassi Namoda et Theodora Allen. Mais le corps, cette enveloppe, est tout autant intellectuel que charnel, source d’érotisme et de plaisir non feint. Loie Hollowell, Julie Curtiss et Amy Lincoln en jouent, affirmant un délicat engagement féministe, sans nier l’attraction des formes esthétiques, dans la lignée de Kiki Smith. A l’heure où l’on déconstruit les codes liés aux instruments du pouvoir, des privilèges et des figures archétypales, les seize plasticiennes présentées à La Patinoire Royale se confrontent très librement à ces sujets, par la peinture, le dessin, la photographie, le photomontage, la vidéo ou l’installation, afin d’en développer le dialogue. Car deux ans après l’avènement du mouvement #MeToo, une nouvelle conception des désirs et de leurs assentiments est en train d’éclore. Ce parcours s’inscrit en résonance avec la ligne de la Patinoire Royale, accompagnant majoritairement des femmes artistes depuis son ouverture.