Saint-Saëns, un musicien globe-trotter

Parmi tous les compositeurs français d'un grand XIXe siècle, Camille Saint-Saëns (1835-1921) est sans doute celui qui effectua le plus de déplacements à l'étranger. De son voyage en Italie de 1857 à son dernier séjour en Algérie en 1921, le musicien réalisa 179 déplacements de par le monde. Au delà des raisons personnelles qui le poussèrent à quitter l'hexagone au point de ne plus parfois disposer d'une adresse fixe, Saint-Saëns se fit à la fois le promoteur de sa propre musique et le représentant de l'École française. Ses pérégrinations contribuèrent à étendre son extraordinaire renommée de compositeur mais aussi d'organiste, de chef d'orchestre et de pianiste dans tout le bassin méditerranéen, en Europe, en Amérique latine et aux États-Unis. Ambassadeur de la culture française, figure tutélaire et académique, Saint-Saëns profita de ses voyages pour rencontrer un grand nombre de personnalités et pour incarner ce que la France prétendait produire de mieux en matière musicale. Son action eut des résonances géopolitiques certaines à une époque où la mondialisation commençait à faire de la musique un enjeu d'influence diplomatique et culturelle. Le nationalisme musical dont Saint-Saëns fut l'un des artisans n'exclut donc pas sa contribution en faveur de l'interculturalité.