"Je sais qu'il me regarde" Benoit Adam VS Jean-Marc De Pelsemaeker
06 Dec 2018 - 19 Jan 2019
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Chapitre XII Accademia Editori - 12 Avenue des Klauwaerts 1050
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Benoit Adam et Jean-Marc De Pelsemaeker ont choisi cette fois çi de confronter leurs oeuvres, jusqu'à peindre sur les toiles de l'autre ou sur un moulage de son visage... C'est une rencontre entre deux univers très différents mais aussi une complicité et une approche commune de la création basée très souvent sur l'étude de l'histoire de l'Art. Leurs oeuvres récentes (masques et toiles) seront aussi présentées à cette occasion dans ce lieu unique qu'est la librairie-galerie Chapitre XII. Endroit propice aux échanges entre arts plastiques et littérature. le Chapitre XII fête d'ailleurs cette année ses quarante années d'existence. Fondé par Monique Toussaint, elle l'anime toujours avec la même énergie et la même curiosité.
"Il y a quelques temps des figures ont passé le pas de ma porte. Elles ne m’ont pas salué, elles sont là chez moi. Je ne m’y suis pas opposé. J’ai pas dit non, alors elles ont pris place sur le papier de ma chambre, couchées. Quand je les réveille brusquement, elles se figent dans des expressions surprenantes. C’est alors que je prend le temps, place ma chaise à côté de ma tasse, chaude, molle et remplie et que je les regarde. Elles n’ont pas l’air de me reconnaître, malgré quelles habitent là depuis un bail. D’ailleurs, c’est moi qui le paye celui-là! Pas plus tard que tantôt, une des poules est venu me picorer les orteils. Ils sont pas tous beaux à voir ces caractères, déformés. Qu’est-ce qui leur a pris de devenir si peu harmonieux? Parfois l’enfant qui sommeille en mon toit, apeuré, leurs redonne un peu de fraîcheur."
"Les mots non mâchés restent coincés dans la gorge des enfants." (Benoit Adam)
"Dans la nuit les mots me font peur. Dans la nuit je prends un chemin de l’obscurité. L’odeur de térébenthine vibre encore sur le spectre des icônes fondues. Du frottement de la pulpe de mes doigts jaillit une lumière minéralogique.
Je plonge mes mains dans une masse épineuse. Des gouttes se mettent à perler sur mes bras. Je tends le visage. Ce n’est pas très douloureux : ronces et aubépines. Au sol circulent de longues fourmis noires. Serait-ce mon ombre?
Ai-je une ombre dans cette obscurité? Des mains griffues me caressent le ventre. Est-ce un visage que je vois, un corps tout entier. La masse enchevêtrée m’abandonne. Le corps glisse sous la surface de l’étang. Derrière les volutes en mouvement des reflets des arbres et du gris du ciel un visage froid. Il ne me regarde pas. Quand je ferme les paupières je vois encore en lumière scintillante la couleuvre
enroulée . Elle scintille longtemps. Sur la tombe les lierres ont recouvert les belles inscriptions. Des arabesques de fumées s’échappent du visage encore chaud.."
Benoit Adam à propos du travail de J-M DP.
"Il y a quelques temps des figures ont passé le pas de ma porte. Elles ne m’ont pas salué, elles sont là chez moi. Je ne m’y suis pas opposé. J’ai pas dit non, alors elles ont pris place sur le papier de ma chambre, couchées. Quand je les réveille brusquement, elles se figent dans des expressions surprenantes. C’est alors que je prend le temps, place ma chaise à côté de ma tasse, chaude, molle et remplie et que je les regarde. Elles n’ont pas l’air de me reconnaître, malgré quelles habitent là depuis un bail. D’ailleurs, c’est moi qui le paye celui-là! Pas plus tard que tantôt, une des poules est venu me picorer les orteils. Ils sont pas tous beaux à voir ces caractères, déformés. Qu’est-ce qui leur a pris de devenir si peu harmonieux? Parfois l’enfant qui sommeille en mon toit, apeuré, leurs redonne un peu de fraîcheur."
"Les mots non mâchés restent coincés dans la gorge des enfants." (Benoit Adam)
"Dans la nuit les mots me font peur. Dans la nuit je prends un chemin de l’obscurité. L’odeur de térébenthine vibre encore sur le spectre des icônes fondues. Du frottement de la pulpe de mes doigts jaillit une lumière minéralogique.
Je plonge mes mains dans une masse épineuse. Des gouttes se mettent à perler sur mes bras. Je tends le visage. Ce n’est pas très douloureux : ronces et aubépines. Au sol circulent de longues fourmis noires. Serait-ce mon ombre?
Ai-je une ombre dans cette obscurité? Des mains griffues me caressent le ventre. Est-ce un visage que je vois, un corps tout entier. La masse enchevêtrée m’abandonne. Le corps glisse sous la surface de l’étang. Derrière les volutes en mouvement des reflets des arbres et du gris du ciel un visage froid. Il ne me regarde pas. Quand je ferme les paupières je vois encore en lumière scintillante la couleuvre
enroulée . Elle scintille longtemps. Sur la tombe les lierres ont recouvert les belles inscriptions. Des arabesques de fumées s’échappent du visage encore chaud.."
Benoit Adam à propos du travail de J-M DP.